Ces dernières semaines, plusieurs accidents graves, parfois mortels, ont secoué La Réunion. En observant les images publiées dans la presse locale, un détail revient sans cesse: l'absence d'éclairage. Ce constat visuel soulève une question essentielle: le manque de lumière n'est-il pas un facteur majeur de ces drames? Des accidents sur toute l'ile: le 27 juin, Grégory, dépanneur et Saint-Andréen, est tué sur la route du Littoral. Le 4 juillet, un motard de 27 ans, ancien policier adjoint, perd la vie à Saint-André. Le 6 juillet, Johnny Dubard, secouriste, est percuté sur la route des Tamarins. D'autres accidents, parfois moins médiatisés, ont eu lieu dans le Sud. sur des routes départementales. Tous ces faits se déroulent dans des zones mal ou non éclairées. Les causes évoquées sont souvent les mêmes: vitesse, alcool, imprudence. Mais le manque de visibilité est rarement mentionné, alors qu'il saute aux yeux sur les photos. Même un conducteur attentif peut être mis en danger dans une obscurité totale.
Un réseau d'éclairage défaillant
Le problème n'est pas nouveau, mais il s'est aggravé depuis le passage du cyclone Garance en février2025. De nombreux réseaux d'éclairage public ont été endommagés, et plusieurs mois plus tard, rien n'a été réparé dans certaines communes. La route du Littoral, pourtant axe stratégique, reste dans le noir. À Saint-André, un appel d'offres a été lancé, mais les travaux tardent. Dans le Sud, certaines zones rurales restent totalement dépourvues d'éclairage. Le constat est clair: le réseau d'éclairage public, qu'il soit national ou départemental, est aujourd'hui défaillant. Une décision environnementale qui soulève des inquiétudes. A cela s'ajoute la campagne annuelle «Nuits sans lumière», menée entre le 11 avril et le 7 mai pour protéger les pétrels de Barau, une espèce endémique menacée. Si l'objectif écologique est louable, cette extinction tombe en pleine saison des pluies avec des nuits longues et une visibilité réduite.
Des solutions adaptées au territoire
En 2025,un accident grave a eu lieu pendant cette période: deux jeunes femmes ont été grièvement blessées sur le Boulevard Sud à Saint-Denis dans une zone non éclairée. Ce drame a ravivé les critiques sur les risques liés à l'extinction totale de l'éclairage, notamment pour les piétons.
De nombreux automobilistes et cyclistes ont également signalé avoir failli provoquer ou subir des accidents à cause de l'obscurité soudaine sur certains axes. Ces témoignages, relayés sur les réseaux sociaux et dans les médias locaux montrent que l'absence de lumière crée un sentiment d'insécurité généralisé, surtout dans les zones urbaines à fort trafic.
La Réunion bénéficie d'un ensoleillement important. Pourquoi ne pas investir dans des lampadaires solaires, autonomes, durables, et orientés vers le sol pour limiter la pollution lumineuse? Ces technologies permettraient de protéger la biodiversité sans compromettre la sécurité des habitants.
L'enjeu n'est pas de choisir entre l'humain et la nature, mais de trouver des compromis techniques adaptés au contexte local.
Et maintenant? Va-t-on simplement lire ce courrier et l'oublier comme tant d'autres? Ou bien décider, enfin, d'agir? L'heure n'est plus aux constats. Il faut engager une vraie réflexion sur ce qui se passe sur nos routes et dans notre société. Soyons acteurs. N'attendons plus. Déployons les moyens nécessaires pour préserver nos vies, celles de nos proches, et celles de tous ceux qui empruntent chaque jour ces routes devenues trop souvent mortelles.
Françoise FONTAINE, une citoyenne engagée,
membre du collectif «Les gardiens des ressources de l'Est de La Réunion»